ENTRE CIEL ET TERRE

2005 - 2006   

« Regarde, des anges diffusent à travers l’espace leur sentiments qui ne cessent jamais.

Notre incandescence leur serait froideur.

Regarde, des anges rougeoient à travers l’espace. »

 

R.M. Rilke dans " Poèmes à la nuit "

 

Entre ciel et terre les médiateurs symboliques sont nombreux pour exprimer ou évoquer cet espace d’entre-deux, entre eux-deux : ciel et terre. Entre ces deux mondes, entre le haut et le bas, entre le divin et l'humain, entre l'immanence et l'éphémère que trouve-t-on?

 

J'ai porté mon choix sur deux médiateurs parmi les plus récurrents dans l'histoire des mythes et dans l'histoire de l'art : l'arbre (ancré dans le sol et croissant vers le ciel) et l'ange (issu du ciel, étrangement asexué, visiteur occasionnel sur terre, annonciateur éclairé, sage protecteur ou vindicatif guerrier).

Pour un arbre se nourrir de la terre c'est s'élever du sol, se tendre vers le ciel, se charger d'énergie et emplir l'air. Entre ciel et terre mon Arbre de connaissance est une métaphore d'espérance et de sagesse, invoquant Orient et Occident.

Pour l'ange, asexué, la chute est peut-être l'incandescence et le désir, au delà de la nuée (nue?) dissipée?... Et le buisson, ardent aux yeux de Moïse, entre ciel et terre sur le Mont Sinaï, devient dans la littérature galante un trésor caché. Permanente dualité entre sacré et profane!...

 

Cette approche, plus thématique que d'ordinaire dans mon travail, m'a incité à étudier les multiples formes de représentation des anges et des arbres. Des anges et séraphins byzantins à l'ange baroque de Sainte Thérèse du Bernin les exemples étaient légions... J'ai parfois ré-exploité certaines formes médiévales. J'en ai recréé de nouvelles selon mes intentions. Je les ai adaptées et intégrées à ma pratique habituelle de la linogravure, technique simple et modeste qui permet des permutations surprenantes et des effets de couleurs et de textures étonnants parfois, selon les conditions d'encrage.

Je retrouve alors l'ange " buée scintillante déposée par l'invisible sur la peau nue du visible " (S. Germain).

La nature duale du thème se retrouve naturellement dans les principes de composition (opposition statique/dynamique, figé/mobile) , dans les registres contrastés des formes (courbures et arabesques opposés à la géométrie plus stricte, lignes ondulantes contrastant avec des lignes droites ) et dans les effets mat/brillant où le doré renvoie évidemment à certaines images du passé.

 

 

Eric Durant  Mars 2005  

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