Réflexions et propos sur la démarche

  MOTS ET DÉROUTES

2000 - 2002

          Dans cette série, l’usage de la typographie me permet d’intégrer mon intérêt pour les mots, les jeux de langage et le visuel. J’aime la surprise et le paradoxe qui peuvent advenir entre les mots écrits et les images qui les rendent visibles.  

            À l’inverse des évidences des apprentissages de l’enfance où la lettre, le mot et l’image semblent se valider les uns les autres de façon indissociable, j’ai préféré jouer sur les allusions, les décalages, les pièges, pour obtenir des maximes elliptiques, des approximations phonétiques, des hypallages incertains, des sentences in(sou)tenables. Je cherche l’effet de sens et de forme simple, lapidaire, accessible à tous, de façon brève et concise. 

  

        Lors de la mise en forme, des effets chromatiques et des phénomènes optiques seront mis en jeu pour pousser au maximum l’expressivité. Le sens parfois paradoxal doit être soutenu, exalté, amplifié par l’aspect formel (double lecture, contraste mat/brillant, coupe de lettre, contraste simultané, limite de lisibilité, seuil de visibilité...). La linogravure renvoie à la gravure sur bois, ancêtre de la typographie. Si la conception se fait par croquis et avec l’ordinateur, au final la technique artisanale implique le retour à un rituel lent autorisant la surprise à l’impression et permettant des effets colorés spécifiques. 

        Mots et images tirent chacun la couverture de leur côté et écartèlent  la logique usuelle. Ces panneaux doivent dérouter. Ils peuvent nous permettre d’éviter, quelques instants, l’usure relative des mots et des signes. 

  

Éric Durant 2002